14-Belvédère du Château

Récit de Etienne de Rivaz, seigneur de Saint-Gingolph (1675-1753), fondateur de la célèbre dynastie des de Rivaz.

Moi, Etienne de Rivaz, seigneur de Saint Gingolph, je pense pouvoir dire que je suis un des personnages les plus importants de l’histoire de ce village ! En 1700, je me suis établi en tant que notaire, d’abord pour le duché de Savoie, puis ensuite pour le côté valaisan. Grâce à ma connaissance des affaires de la région, j’ai pu devenir châtelain de Saint Gingolph en 1709, puis quelques années plus tard, acquérir la seigneurie du Miroir, entre Thonon et Évian. Parallèlement à ces charges publiques, j’ai bâti une belle fortune dans le commerce du sel et dans la fabrique de chaux.

Cette position favorable a également profité à mes descendants qui ont pu réaliser leurs ambitions grâce à une solide éducation et un joli carnet d’adresses : mon fils aîné, Pierre-Joseph, né en 1711, a fait preuve, dès son plus jeune âge, d’une grande vivacité d’esprit.  Dès le début des années 1730, il me succède en tant que châtelain et notaire et s’ illustre dans la lutte contre la contrebande de tabac. Mais sa passion de la mécanique est la plus forte et il met au point une horloge perpétuelle (qui se remonte toute seule pendant un an). L’Académie des sciences de Paris accueille favorablement son invention, ce qui lui donne le privilège exclusif de vendre ses horloges pendant 15 ans dans tout le royaume de France. Il est également connu pour avoir imaginé des machines hydrauliques permettant de dessécher les mines, qu’il testa dans les salines de Bex, à 20kms d’ici, notamment.

Mon second fils, Charles Joseph, avocat et juré au Sénat de Savoie, est à l’origine de la construction de la magnifique maison que vous avez sous les yeux. Châtelain de Saint Gingolph dès 1743 suite à la démission de son frère Pierre-Joseph, il décide de bâtir une demeure à la mesure du prestige de notre famille : bien conservée jusqu’à aujourd’hui, elle représente l’exemple type de la demeure patricienne du XVIIIe s.

Enfin, mon petit-fils Isaac François a hérité des talents d’inventeur de son père. Son activité expérimentale est débordante et, après de nombreuses tentatives, il finit par créer le moteur à combustion interne, breveté en 1807. Cette invention le fait passer à la postérité, car elle permettra plus tard de mettre au point le premier moteur à explosion, qui équipe maintenant la plupart des automobiles. »