Eugénie, épouse de Napoléon III, impératrice de France
entre 1853 et 1870.
Collection Benoit Grandcollot
Le Léman, havre de paix, tranquille, sublime. Quoi de mieux que ce panorama tant vanté par Rousseau dans son roman La Nouvelle Héloïse et peint avec grâce par des artistes de talent, pour se reposer, et laisser ses pensées vagabonder. Ce dialogue enchanteur entre l’eau et les sommets enneigés apaisent mon esprit ; mon chagrin se dissipe comme la vague qui roule jusqu’à disparaître, silencieusement, sur la plage. Je repense aux rives du lac que j’ai observées au côté de mon époux Napoléon III, alors au faîte de sa gloire lors de l’annexion de la Savoie à la France, acclamé par une foule en liesse. C’était il y a 35 ans, en 1860. Nous faisions Chambéry – Chamonix et nous avons fait halte, entre autres, à Thonon. J’étais Impératrice de France, mère d’un héritier, aujourd’hui je suis veuve en exil, endeuillée par la mort de mon fils, cherchant dans les voyages un peu de réconfort. Hier j’organisais de fastueuses fêtes organisées en l’honneur du Second Empire. Maintenant, à plus de 60 ans, je recherche la sérénité dans un paysage et un mode de vie plus authentiques. Je me promène en bateau à vapeur ou à roues à aubes ; parfois un pêcheur de la région ou un propriétaire d’hôtel m’invite à un tour en barque. Je prends le thé sur une terrasse ou je flâne sur les rives ombragées du bord du lac. Lorsque j’ai un regain d’énergie, je monte un peu en altitude pour profiter du bon air, vanté pour ses qualités thérapeutiques. Ce n’est pas une vraie cure mais cela m’aide à reprendre des forces.
La « Villa Eugénie », sise à l’entrée de Saint-Gingolph Suisse en bordure de la route, côté lac, a été dénommée ainsi en mon honneur. Ce luxueux Hôtel a accueilli de nombreuses personnalités. Bientôt, je pressens que d’autres visiteurs tomberont, comme moi, sous le charme de cette région et en feront leur lieu de villégiature.